Comment j’ai survécu aux « 3 B », Acte I : Mon Burn out

Burn out, Bore out, Brown out ça vous parle ? Moi pas du tout… enfin jusqu’au jour où j’ai fait le point sur ma vie pro et où je me suis aperçue que j’étais passée par ces trois étapes. Sans avoir jamais su mettre des mots sur ce que je vivais.

Une envie de trop bien faire

Je suis du genre « hyper active », passionnée, à m’investir totalement dans les missions que l’on me donne. Un bon petit soldat qui ne compte pas son temps. Qui mets toutes ses compétences au service de son employeur. Sans calcul. Sans arrières pensées. J’ai la culture de mon entreprise dans la peau. Je lui suis redevable de m’avoir engagé. De m’avoir fait confiance. De m’avoir donné ma chance.

Je me dois de lui faire honneur. De la mener vers l’excellence. Je me mets toute seule la pression. Je veux/peux tout faire. Je ne délègue rien. J’accepte tout ou presque. Ce n’est pas important, je suis efficace. Je travaille vite et bien. Rien ne me fait peur. Je fais même du bénévolat pour l’entreprise. Je crois être épanouie.

Le pécher d’orgueil

J’accepte trop. En face on en profite. Ma direction et mes collègues cadres (phénomène de mimétisme) me sollicitent de plus en plus. Ils prennent l’habitude de me déléguer certaines tâches.  Je suis flattée par cette confiance. J’ai de plus en plus de responsabilité, mais aussi de pression, de stress. Je ne pense qu’à mon travail. Même les jours Off. Même la nuit.

Je me dis que ce n’est qu’un passage. Que ça ne va pas durer.

Une ambition fatale

J’ai de l’ambition. Ma stratégie est simple. Je fais mes preuves. Je me rends indispensable. Le reste suivra. Sauf que ça ne marche pas comme ça. Du moins en France.

Aucuns remerciements de ma direction ne viennent couronner cet investissement. Je suis triste et me remets en question.

Peut-être que ce que je fais est normal. Peut-être que le résultat, n’est pas à la hauteur. Du coup je minimise les  mercis de mes collègues. « C’est rien j’ai fait ça en 2 mn » même si c’est faux… mais ils pensent que c’est vrai, du coup, ils reviennent à la charge. Le piégeur piégé !

Le réveil

Et puis un jour fatalement je me réveille. Je travaille beaucoup et je m’aperçois que je ne récolte pas les fruits de mon investissement. La promotion va à quelqu’un d’autre. Une personne qui travaille moins. Et qui du coup à le temps de se montrer. De copiner avec la direction. Lors d’une mise au point avec mon directeur il me reprochera d’ailleurs de ne pas me voir assez ! un comble !

Le sol se dérobe. Je suis épuisée et psychologiquement atteinte de m’être faite bernée. Mais je dois continuer ma mission. Je n’arrive pas à décrocher.

Je me démotive, devient irritable, cynique envers mon travail. Je suis frustrée. En échec, moi qui avait tout misé sur la réussite.

Le mal de dos apparait et les kilos aussi. Je me réfugie dans la nourriture. Je suis si triste. Si désemparée. Ils me prennent pour une idiote. Je suis vexée et déstabilisée.

Pour finir je « pète une durite » au propre comme au figuré.

Devant ma voiture embarquée par la dépanneuse je décide de réagir. Non je ne me laisserai pas faire. Non je ne sombrerai pas. Mon égo se réveille. Il est plus fort que tout.

Les étapes de ma renaissance

D’abord, je décide de prendre du recul. C’est simple à dire mais ce n’est pas toujours très facile à faire. Heureusement ma famille me soutient. Mon entourage professionnel aussi sans le savoir. Ils viennent tour à tour me voir dans mon bureau pour m’expliquer que l’entreprise ne me mérite pas et que je devrais partir….1,2,3 cadres font cette démarche. Cette attitude m’interpelle. Pourquoi veulent-ils tous me voir partir ?  Je les gêne ? Je ne crois pas aux démarches altruistes au travail.

J’analyse la situation et comme à mon habitude je prends le contrepied de la tendance générale. Et je passe à l’action.

1) Je fais le point sur ma situation professionnelle : Je liste les points positifs

– Mon travail se situe à 10 mn de chez moi

– J’ai un salaire correct et un 13éme mois

– J’ai de bonnes conditions de travail (un bureau perso avec une grande fenêtre, une imprimante couleur, un C.E intéressant…)

– Je suis appréciée par mes collègues et j’ai quelques amitiés

2) Je prends soin de moi : Fini les heures supp. et le bénévolat !

Je rentre dans un magasin de musique, j’achète une guitare et investis dans des cours de musique. Désormais tous les mercredis ce sera guitare après le travail

Je vais au club de sport et prend un forfait Zumba tous les lundis avec les copines.

3) Je me repositionne au sein de l’entreprise 

Ils ne me font pas confiance pour me donner le poste convoité ? ok alors  j’arrête de faire le travail qui y est rattaché. Je me réadapte à ma fiche de poste. Ça leur fait tout drôle. Surtout lorsque je leur dit que telle ou telle tâche ne fait pas partie de mes  compétences.

Un bras de fer dont je veux ressortir gagnante

Tout cela ne se fait pas sans heurts ni grincements de dents. Ma direction tente de me pousser à bout, essais même l’intimidation. Me convoque tous les vendredis soirs pour mettre en doute la qualité de mon travail hebdomadaire. Je passe par une phase qui s’apparente à du harcèlement, mais je tiens bon. Je me rapproche des instances délibératives et fait mon entrée au C.H.S.C.T. ( comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).

Je me forme auprès de la Carsat aux Risques PsychoSociaux. Mais bizarrement je ne fais pas le rapprochement avec ce que je vis. Je minimise. Nous sommes en 2009 et ce sujet reste malgré tout encore tabou.

La fin du calvaire

Je ne veux pas partir. Parce que malgré tout j’aime mon travail. Je trouve ça injuste de devoir le quitter à cause de personnes mal intentionnées.

Six mois se passent et ils craquent. Mon directeur a visiblement besoin de mes compétences. Après une négociation très serrée je suis promue et augmentée… « Nous nous sommes mal compris me dit mon directeur »… «Ce doit-être cela monsieur ».

Ce premier round m’a beaucoup appris sur le monde de l’entreprise. J’ai compris que le travail ne suffisait pas.

Toutefois cette première mésaventure m’a permis d’acquérir une force et des bases psychologiques qui vont me servir à surmonter un autre visage de la souffrance au travail: le Bore out….

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